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Epiphanie
A l’époque de Noël,
je passe un peu de temps avec ma grand-mère Paulette. Je découvre
sa manière de préparer cette fête, ses petites habitudes,
ses choses à elle et puis sa vie au foyer-logement en région
parisienne. Lorsqu’elle pose les figurines des Rois Mages sur une étagère,
je me rends compte que des dizaines d’années ont passés
depuis qu’elle a quitté l’Espagne. Des souvenirs liés
au temps de la dictature reviennent à ma mémoire, des images
fugaces, des réminiscences.
Juste ce qu’il faut pour se poser quelques questions et décider
de prendre un train vers le Sud, pour voir le débarquement des
Rois Mages sur la plage d’Alicante et ce qu’il reste des
souvenirs…
La genèse du film
L’idée de départ
Je ne me souviens pas exactement, mais je filmais beaucoup ma
grand-mère à cette époque : chez ma mère
tous les dimanches et un peu chez elle aussi. Je n’avais pas de
film en tête, je voulais juste enregistrer des moments que je sentais
importants. Et puis je la voyais vieillir de plus en plus en gardant
toujours sa bonne humeur, et je trouvais ça formidable.
Je pense que je prends du temps pour faire un film à cause des
cercles. Je suis assez sensible aux coïncidences, aux échos
et aux relations, mais toujours pour dépasser l’anecdotique
et essayer de former des cercles. C’est-à-dire trouver un
début et une fin, et que la fin puisse de nouveau me renvoyer
au début. Ça peut être le début d’un
nouveau cercle d’ailleurs. J’essaie souvent de voir un film
de cette façon.
Pour Epiphanie, ça s’est construit comme ça.
J’avais des images fortes comme le défilé des Rois
mages, le souvenir de photos (vues dans un livre scolaire 15 ans auparavant)
d’un mural à Alicante avec les visages de poètes
martyrs de la guerre civile, la ville d’Alicante.
Au moment d’essayer de relier tout ça, je suis allé faire
un tour à Alicante où j’ai vu que le mural était
toujours debout et puis j’ai appris comment se passait l’arrivée
des Rois Mages aujourd’hui. J’ai aussi découvert des
films super 8 de familles et d’autres choses encore qui m’ont
permis de fermer les cercles et d’en ouvrir d’autres.
Le temps que ça a pris
Le tournage a eu lieu sur deux années, principalement autour des
fêtes de fin d’année. Je crois qu’il y a quand
même plusieurs plans tournés en hiver, mais en dehors des
périodes de fête et aussi d’autres images filmées
au début du printemps.
Entre les deux tournages, j’ai écrit la voix off, qui a
ensuite été un peu modifié au montage. La musique
a été composée pendant et après le montage.
Le montage a duré plusieurs mois : tout d’abord seul
pour une première maquette et ensuite avec la monteuse Mélanie
Braux (3 ou 4 mois supplémentaires, je ne sais plus exactement).
Avec le travail de Mélanie, on a pu faire enfin respirer le film
et trouver des liens que mes yeux ne voyaient plus.
Les moyens nécessaires
et les moyens obtenus (le budget)
Le film n’a pas pu bénéficier d’aides financières
d’organismes officiels tels que le CNC ou la SCAM. Par contre,
la production Locals films a appuyé le projet pour les étapes
de post-production (montage final, étalonnage et mixage).
On peut chiffrer le budget (apports personnels et financement de la production
Local films) entre 4.000 et 5.000 euros. C’est un budget très
mince, presque dérisoire, mais qui s’explique aussi par
la participation volontaire de nombreuses personnes lors des différentes étapes
de la création du film (opérateur et technicien du son,
comédiens, musicien et monteuse).Pour mes projets personnels,
j’ai toujours eu la chance de posséder le matériel
minimum pour, au moins, assurer convenablement le tournage d’un
film et le montage de la maquette. C’est-à-dire pouvoir
commencer à filmer sans subventions préalables. La vidéo
semi-pro permet ce genre de démarche autonome. Le film a été tourné en
vidéo numérique (DV CAM) et il y a aussi une partie du
film (le dimanche en famille) qui est filmée en HI8. Les
archives super 8, elles, sont le seul support argentique utilisé.
Techniquement, le tout est homogène puisqu’on ne passe jamais
d’un plan vidéo numérique à un plan vidéo
analogique. Le son a toujours été travaillé de façon
rigoureuse avec des micros professionnels et l’aide d’un
opérateur son pour la partie du film tournée en Espagne.
Jean Castejon-Gilabert
jcastejongilabert@hotmail.com
Etudes de Lettres et d'Anthropologie Visuel à Paris.
Epiphanie (2001)
est un premier film.
Vit à Madrid depuis 2002.
Réalise des films institutionnels et donne des
cours de cinéma documentaire.
Projet en cours de montage : La Eternidad, long
métrage ayant pour toile de fond “ El Valle de los Caidos ” (Mausolée
de Franco).
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